Quelle horrible réaction !

Quelle horrible réaction !

Reflets d'actualité

Jethro Camille5 août 2024, 16:09

Quelle horrible réaction !

Une brève exultation suivie d’une honte intense puis d’une tristesse quelque peu résignée, voilà la séquence brève mais intense d’émotions qui m’a saisie ce matin à la lecture du titre d’un article du journal le Monde dont voici un extrait :
Le fait est suffisamment rare pour être souligné. Habituellement réticent à fournir des éléments sur le niveau de ses pertes, le ministère russe de la défense a reconnu, lundi 2 janvier, la mort de 63 soldats lors d’un bombardement mené par l’armée ukrainienne à Makiïvka, une ville industrielle située dans la région de Donetsk occupée par Moscou et se trouvant à une quinzaine de kilomètres du front. Selon des sources proches des autorités ukrainiennes, le bilan s’élèverait même à 400 morts et 300 blessés, des chiffres impossibles à vérifier.
Comment diable -et c’est bien le mot- ai-je pu me réjouir ne serait-ce que quelques centièmes de secondes de la mort de qui que ce soit ?
En fait, cette réaction n’est pas si rare quand on s’identifie à un opprimé et que l’oppresseur subit un revers cuisant. Ainsi, dans la Bible, David se réjouit de la mort d’un homme qui ne l’a pas traité correctement, qu’il envisageait d’assassiner et qui meurt d’une crise cardiaque avant ce qui est considéré par les hommes de cette époque comme un châtiment divin : Béni soit l'Éternel, qui a défendu ma cause dans l'outrage que m'a fait Nabal, et qui a empêché son serviteur de faire le mal !
C’est d’ailleurs un grand classique des psaumes de David, qui demande régulièrement que les « méchants » qui le harcèlent injustement soient châtiés, voire exterminés.
Aussi proposé-je trois pistes pour dépasser cet état mental qui pour être compréhensible n’est en rien désirable en termes d’idéal chrétien.
1. S’identifier à l’humanité toute entière
On s’identifie facilement aux victimes, rarement aux méchants. Mais au fond, est-ce que l’habitant des Maldives dont l’habitation risque d’être submergée à cause notamment de notre production de Co2 ne pourrait pas nous considérer comme des méchants ?
Est-ce que l’enfant qui va chercher de l’uranium au fond d’une mine au Nigéria pour que nous ayons de l’électricité bon marché ne pourrait pas nous considérer comme les injustes, en particulier quand il développera un cancer ?
C’est parce que chacun s’identifie toujours à la victime et ne prends pas assez le temps de considérer le tort qu’il porte aux autres que les guerres perdurent, chacun étant persuadé d’être dans son bon droit
2. Eviter le piège de l’essentialisation, une facilité de pensée destructrice : L’essentialisation c’est en un mot un réductionnisme ravageur : les Noirs sont comme ceci, les femmes comme cela, les croyants sont ceci, les incroyants comme cela. En l’occurrence, La folie d’un homme et de sa clique de gérontocrates ne doit pas être plaquée sur tous les Russes, et surtout pas sur ces jeunes hommes enrôlés de forces, amenés sur le champ d’une bataille qui n’est pas la leur, parqués dans une école, et déchiquetés par des missiles d’une puissance épouvantable.
3. Se souvenir de la pensée de Dieu : je ne veux pas que le méchant meure… mais qu’il se repente et qu’il vive. Seule une pensée lente, méthodique, poussée peut nous amener à ressentir de la compassion pour chaque vie perdue et de ne se réjouir d’aucune mort, même pas de celle des pires tortionnaires. Du soulagement peut-être, un sentiment de libération probablement, de la joie surtout pas.